Connaissez-vous les teintures-mères et les alcoolatures ?
Si je vous dis, teinture-mère ou alcoolature, à quoi pensez-vous ?
Peut-être que la teinture-mère vous fait penser à l’homéopathie ou même à la teinture de tissu ; et qu’en est-il de l’alcoolature, mot dans lequel on retrouve « alcool » ?
Vous connaissez ? Bravo !
En effet, ce sont des préparations par macération dans l’alcool de plantes fraiches permettant de concentrer leurs principes actifs. Nous pouvons donc rassembler ces deux termes sous celui d’ « extraits hydro-alcooliques ».
Commençons par définir ce qu’est un principe actif.
Les principes actifs sont les substances aux fonctions différentes qu’une plante produit au cours de son développement. Elle les utilise, par exemple, comme moyen de défense contre des parasites ou autres agresseurs (micro-organismes), comme technique pour empêcher la croissance d’autres plantes à proximité et s’assurer une bonne nutrition, comme moyen de croissance ou pour le renouvellement de l’espèce. Ces principes actifs, appelés aussi métabolites secondaires, se classent en plusieurs catégories, les alcaloïdes, les flavonoïdes, les terpènes, les tanins, … selon leur fonction et se retrouvent dans les tiges, les feuilles, les fleurs, les écorces.
Comment préparer une alcoolature, une teinture-mère et quelles sont leurs différences ?
Une alcoolature est une extraction de principes actifs résultant de l’action dissolvante de l’éthanol, alcool utilisé, sur des plantes fraiches. Elle se fait en deux temps, tout d’abord, la plante est découpée ou broyée et mise à macérer à froid dans l’éthanol pendant une vingtaine de jours en remuant de temps en temps. Le titre de l’alcool utilisé doit être assez élevé, entre 60 et 95° pour tenir compte de la teneur en eau de la plante fraiche. Puis, la préparation est filtrée en l’exprimant (pressant).
Pour une alcoolature au 1/5, par exemple, on utilise 1 partie de plante fraîche (soit 200g de feuilles) pour 4 d’alcool à 60° (qsp 1000ml).
Une teinture-mère (TM), bien qu’elle soit réalisée avec des plantes fraiches, à un titre qui s’exprime par rapport au poids de plante sèche. Il est donc nécessaire de connaitre la teneur en eau de la plante pour ajuster l’alcool. Initialement, la teinture-mère constituait la souche de base pour la réalisation de dilutions homéopathiques.
Une TM est donc une alcoolature dont la préparation est codifiée par la Pharmacopée française au 1/10ème du poids sec de la plante mise en œuvre et possédant un degré alcoolique défini. Elle peut être très concentrée et obtenue par macération et distillation successives dans de l’alcool éthylique.
Ainsi, l’alcoolature sera, bien souvent, plutôt de fabrication « artisanale » alors que la TM sera disponible dans les pharmacies, sa vente étant réglementée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
A noter qu’il existe également des préparations appelées teintures (eh oui, tout est question de vocabulaire !), qui sont des extraits hydro-alcooliques mais réalisés à partir de plantes sèches !
Quelles sont les utilisations des alcoolatures et TM ?
Les alcoolatures et les TM sont utilisées en phytothérapie pour leurs propriétés thérapeutiques et accompagnent divers troubles, tels que les troubles digestifs, les douleurs articulaires, les infections respiratoires, les troubles du sommeil, etc.
Elles peuvent être ingérées (sous forme de gouttes à diluer dans un verre d’eau), appliquées en externe directement sur la peau ou utilisées comme ingrédient dans des préparations topiques telles que des compresses, des onguents ou des lotions.
Il est important de préciser que ces préparations contiennent de l’alcool éthylique, ce qui peut les rendre inappropriées pour certaines personnes, notamment celles souffrant de troubles hépatiques, les femmes enceintes et les enfants.
En cas de traitement médicamenteux ou de pathologies préexistantes, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.
Ainsi, les extraits hydro-alcooliques sont riches en produits actifs solubles et non solubles dans l’eau, issus du totum (ensemble des molécules actives) de la plante qui leurs confèrent de nombreux bienfaits !
LA BENOITE COMMUNE (Geum urbanumm L. – Rosaceae)
On la croise souvent cette fleur jaune dressée à 5 pétales, dont les fruits, appelés akènes, s’accrochent aux vêtements mais la connaissez-vous ?
C’est la benoite commune, appelée « Benedicta », la racine bénie, par Hildegarde de Bingen.
Savez-vous que sa racine, riche en eugénol, peut avoir (selon sa teneur en huile essentielle) une odeur de clou de girofle et ses jeunes feuilles un goût poivré ?
Elle contient, entre autres, des tanins à l’action astringente (plus de 10%), de la vitamine C, des acides phénoliques aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires mais aussi une huile essentielle antibactérienne (eugenol), des flavonoïdes, … Ses parties aériennes fleuries mais surtout ses racines et rhizomes peuvent donc être utilisés en décoction en cas de troubles digestifs (gastroentérite, perte d’appétit, …), de troubles hépatiques et biliaires, d’hémorroïdes ou pour ses vertus sédatives.
Alors, cette plante est-elle vraiment commune ?